Par Samir El Ouardighi Le 20 février 2015 à 16h54 Modifié 20 février 2015 à 16h54 Alors que l’entreprise fête ses 50 ans, Nascer Tazi revient sur les défis du groupe qui prévoit aussi de lancer une fondation dédiée à la culture. Depuis sa création, cet empire familial a connu l’implication de 3 générations de la famille Tazi car pour son fondateur, « il était impensable que ses enfants puissent faire autre chose qu’y travailler ».
De ce groupe, le grand public ne retient étrangement que le nom du président du pôle international, Karim Tazi que la presse n’hésite pas à surnommer « le patron rouge » pour ses sorties politiques. Seuls les initiés connaissent Abdelaziz Tazi, fondateur historique et PDG de cette véritable success-story et son autre fils Nascer qui est président du pôle industriel et surtout l’homme clé du groupe. Cet ancien étudiant aux Etats-Unis est le fruit de son expérience terrain qui a démarré en 1984 sa carrière dans une petite structure de confection de matelas au bas de l’échelle. Il s’est frotté à la production et au volet commercial avant de gérer de manière transversale les activités de son groupe.
Revenant sur la genèse du groupe, il rappelle que son père a démarré son aventure industrielle avec très peu de moyens financiers et qu’il était très impliqué dans les rangs du parti communiste. Aujourd’hui, l’activité du groupe Richbond, c’est 25% de salon marocain, 25% de literie, 25% d’industrie plastique, 25% d’agroalimentaire et bientôt de l’immobilier moyen standing et des hôtels-appartements destinés aux touristes d’affaires. Inventeur de la brosse Tazi Pour l’anecdote, peu de gens savent que ce groupe a créé la petite brosse ronde à cheveux devenue un objet culte de la vie quotidienne des Marocains. A l’image du créateur de la mitraillette Kalachnikov, le fondateur de Richbond n’a pas jugé utile de breveter son invention qui a été plagiée dans le monde entier.
Depuis la société s’est structurée et a pris conscience de la valeur matérielle des idées immatérielles en déposant systématiquement tous ses brevets d’invention.
De par sa taille, Richbond occupe la place de leadership sur le marché avec le groupe Dolidol qui vient de fêter ses 40 ans. A eux deux, ils pèsent 50 à 55% des parts de marché et le reste est occupé par une vingtaine de concurrents. Une croissance ralentie ces dernières années La division du groupe en 2 grands pôles industriel et international découle du fait que si sa vocation historique reste centrée sur le Maroc, l’utilité d’une structure pilotant le développement international et immobilier par son frère Karim s’est faite sentir pour relancer l’activité tous azimuts.
Pendant 40 ans, les taux de croissance étaient compris entre 6 à 10% par an, mais depuis la crise mondiale, le groupe réalise une croissance de 2% car « la locomotive Europe s’est arrêtée en gare ». Très peu endetté (2à 3%), il n’envisage pas d’entrer en bourse car il n’a pas besoin de lever des fonds pour financer sa croissance. Richbond mise donc sur une structure externe pour relancer sa croissance extérieure qui représente actuellement en termes d’exportation 5% de l’activité globale du groupe. Sans oublier l’Europe, le groupe s’oriente vers l’Afrique pour prendre des positions sur ces marchés émergeants. Les changements d’habitudes de consommation sont analysés pour anticiper une offre appropriée. Ainsi, Richbond parie sur la mutation du marché de la couverture vers celui de la couette qui devrait prendre encore 15 ans avant de rentrer dans les mœurs marocaines. L’entreprise a aussi adapté une offre de salons marocains qui sont passés de 10 mètres de longueur d’assise à seulement 6 mètres à cause du rétrécissement des logements marocains.
1,5 MMDH de chiffre d’affaires La société réalise un chiffre d’affaires d’un 1,5 MMDH par an dont 40% se fait avec les couches économiques supérieures. La marge bénéficiaire est comprise entre 2 et 3% malgré l’apparition d’une concurrence déloyale de structures informelles qui déstabilisent le marché en tirant les prix vers le bas.
Une problématique lourde à gérer car ces concurrents ont 30% de charges sociales en moins sans compter une main d’œuvre payée à 400 DH/semaine pour 12 heures de travail/jour. En pleine dynamique d’investissements, Richbond attend depuis 2 ans des autorisations pour construire un site de 25 hectares dédié à l’activité literie et un site de fabrication de plastique s’étendant sur 8 hectares.
Nascer Tazi se désole du système bureaucratique qui bride les velléités d’investissements et va jusqu’à réclamer la création d’un ministère hâtant la délivrance d’autorisation administratives. Il ne comprend pas devoir attendre aussi longtemps alors que son groupe prévoit d’investir sur les 6 prochaines années, pas moins d’un milliard de DH sur fonds propres et prêts bancaires. Il se dit cependant optimiste en espérant que son groupe deviendra un gros acteur africain qui ne soit pas juste un fabricant mais une marque identifiable à l’image du groupe cosmétique L’Oréal.
Pour conclure, il nous révèle que les 50 ans du groupe familial sont l’occasion d’ouvrir dans quelques mois les portes d’une fondation dénommée « Abdelaziz et Touria Tazi » où la culture sera à l’honneur sur 3.000 mètres carrés pour des jeunes passionnés de musique, de photo et de BD.